Les tribulations d'un confineur déconfiné

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Jean La Fiarde
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Les tribulations d'un confineur déconfiné

Message par Jean La Fiarde » 23 mars 2020 21:13

Confinement : On s'organise.

Les premiers jours, sans doute par manque d'expérience du confinement à la maison, je me suis occupé toute la journée à différents travaux. Au soleil devant la maison, je bricolais, je peignais, je vernissais, je vissais, je dévissais, il m'arrivait même de déviser avec mes voisins pour prendre de leurs nouvelles tout en respectant une distance de bon aloi. Tout cela avec le même rythme qu'avant la pandémie. Pas effréné, le rythme, on a ses petites habitudes, mais quand même assez soutenu pour remplir toutes les cases de l'horloge. Et puis, pour changer, je suis aussi sorti au Super U local pour alimenter le frigo et les conversations avec la caissière qui s'ennuie un peu, vu que y pas grand monde.
Hier, j'ai ralenti, diminué la voilure, du spi léger, je suis passé au foc n°1 et je me demande même si je ne vais pas jeter l'ancre (avec l'eau du bain).
J'ai compris qu'il me faudrait occuper plusieurs semaines et que les magasins de bricolage étant fermés, je me verrai contraint et forcé à cesser toute activité faute de matériel et autres petites fournitures. Je suis donc passé en mode soft. Doucement le matin et pas trop vite l'après midi. Je prends maintenant beaucoup de temps pour peindre un bout de bois et peaufiner chaque détail. C'est bien simple, on dirait Manet alors que je ne peins qu'une étagère. Je serre les vis tout en lâchant du lest. J'emboite les pièces avec toute la minutie d'un ébéniste de l'école Boule alors qu'il ne s'agit d'aucune difficulté. Bref, je confine quasi à la perfection du bricolage. Je passe aussi beaucoup de temps pour aller à pied à la boulangerie en passant par tous les détours que m'autorise la règle de confinement (case 2 de l'attestation de déplacement dérogatoire dûment cochée) et Mushu s'en trouve du coup tout guilleret. A ce sujet, je ne sais pas si on peut cocher plusieurs cases sur la dite attestation lorsque on va effectuer des achats de première nécessité ET se déplacer aux besoins de mon animal de compagnie. Pour peu qu'on en profite pour prendre 2 babioles pour la voisine, qui est une personne vulnérable et qu'on passe à la pharmacie …. Heureusement, Saint Paul, outre sa position favorable au dessus du bolac et avec vue plongeante, est une bourgade calme, surtout depuis le début de la semaine, d'ailleurs. Hier, j'ai croisé 2 gendarmes en maraude comme un taxi G7 de la capitale après 22 heures. Ils se promenaient à bord de leur Berlingo mais n'ont eu aucune velléité de contrôle suspicieux à mon encontre. Faut dire que ma bonhommie naturelle attire plus la sympathie que la défiance mais quand même, je les ai trouvé très détendus, limite en vacance touristique, d'autant que visiblement, ils ne sont pas du coin. Des renforts venus pour mâter les révoltés savoyards ? Dans ce cas, je comprends qu'ils soient tranquilles, les pandores !
Et puis, nous organisons des jeux avec mes enfants et petits enfants par téléphone et des rencontres vidéo de groupe, et on profite aussi un peu du canapé. J'ai jamais autant vu de vidéos de mes chicoufs faisant différentes activités. Pff, ça me fatiguerait presque.
Ce matin, tout a changé. Une sorte de météo bretonne a envahi le ciel. Il ne sera plus question de pratiquer le style Manet ou celui de l'ébéniste consciencieux. Je sens que la journée va être longue. Je crains le pire car depuis que je suis attablé à vous conter ma vie de confinement, ma Bougnate préférée s'active avec une éponge et un chiffon. je sens chez elle une envie irrépressible de m'associer à ces tâches ménagères. Faut vite que je trouve un truc à faire, là.
Je vous laisse donc, car l'heure est grave, tous au abris, les femmes et les enfant d'abord, l'aspirateur va pointer son nez, je sens déjà les effluves du produits à vitres, les placards qu'on va faire à fond, c'est le jour parfait pour ça, et si on changeait les meubles de place ?
C'est dimanche, je suis presque sauvé, je vais trouver une retransmission de la messe du jour à la cathédrale Sainte Procule de Troufigny-en-Brie. Ma Bougnate préférée verra sans doute cette dévotion subite un peu suspecte mais probablement due à l'ambiance morose de la pandémie galopante. Je ne verrai pas la messe en entier sinon elle pourrait avoir des doutes sur ma santé mentale et vérifier ma température.
J'ai encore le temps de filer au garage ensuite, bravant la bruine bretonne, pour reconstruire cette petite boite en bois qui s'est cassée après une chute malencontreuse, et que j'avais presque oubliée. Elle va me sauver mon dimanche pluvieux.
Je file ...



Prenez soin de vous
Dernière modification par Jean La Fiarde le 11 mai 2020 11:52, modifié 1 fois.
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Jean La Fiarde
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Re: Les tribulation d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 23 mars 2020 21:15

Confinement, on s'organise (ou pas)

La journée d'hier a été longue et fatigante, je n'ai pas fait grand chose certes, mais l'inaction est sans doute plus usante que l'activité.
Enfin, inactivité, tout est relatif, car au moment où je peaufinais ma position sur le canapé, pour une petite sieste aussi discrète que digestive post déjeuner familial du dimanche à deux confinés, j'entendais ma Bougnate préférée remuer l'aspirateur dans le placard à balais. Comprenant que la sieste allait rapidement tourner court, je me levais aussi sec pour lui proposer mes services. Passant ensuite le dit aspirateur dans l'appartement, y compris dans la chambre bleue qui peut recevoir les amis en dehors des périodes de confinement pour cause de pandémie galopante, je gambergeais, ma Bougnate, toute préférée qu'elle soit, m'avait bien eu. Je la soupçonne d'avoir lu mon message d'hier matin posté ici et d'avoir fomenté le coup bruyant de l'aspirateur dans le placard à balais. Ah la maligne ! Après ce tour de l'appartement en mode grand nettoyage et '' n'oublie pas les toiles d'araignée, steuplé '', je retournais bien vite m'allonger sur le canapé relire Jo et Zette, la bd qu'Hergé avait fait sur commande de le revue Coeur Vaillant). C'est un peu tartouille et plein de bons sentiments, mais j'aime bien quand même. Je ne tardais pas m'assoupir pour me réveiller bien plus tard dans l'après midi.
C'est crevant d'être confiné.
Mais au moins, ça préserve. Parce que si il est un peu pénible de devoir rester tout un dimanche bruineux à la maison, il vaut mieux être confiné que con fini.
Pour exemple, en Isère, 2 nanas n'ont rien trouvé de mieux que d'aller randonner en montagne, l'accident stupide est arrivé, une d'elle est morte dans l'accident et l'autre a été transportée à l'hosto, elle aura un souvenir plus pénible que celui du confinement toute sa vie. De plus, l'accident a mobilisé le PGHM, un hélico, le SAMU et pompiers …
Samedi, 2 adolescents sont allé faire une petite virée en kayak sur un lac du Tarn et Garonne, bien sûr sans gilet, c'est plus fun. L'un deux est passé à la baille et s'est noyé. Nul doute que le survivant aura un souvenir impérissable aussi …
Là, j'ai un peu plombé l'ambiance. Pardon.
Après la sieste, promenade avec Mushu et ma Bougnate qui est toujours ma préférée, malgré ses petites perfidies ménagères. On a un truc pour déjouer les pandores anti-pandémie : J'ai une attestation dérogatoire lors de mon déplacement attestant que ce déplacement est vital pour aller chercher du pain alors que ma Bougnate préférée a elle, une attestation dûment remplie à la case je promène mon chien. Malin, non ? En plus quand on voit le chien en question, Mushu dans ce cas, je pense que n'importe quel gendarme doit être capable de comprendre qu'elle a coché cette case, difficile de ne pas voir le molosse …
En rentrant, on a regardé le Scrabble posé sur la table du salon et finalement décidé de ne pas jouer, marrant, non ? C'est vrai que nous avons fait quelque parties depuis le confinement. D'ailleurs, à ce sujet, je me demandais hier la durée de vie des lettres du Scrabble. Il y a une certaine usure et les lettres deviennent moins facilement lisibles avec le temps. Or, quand on veut écrire KEPI, et qu'on utilise par erreur un R, cela devient REPI, qui ne veut rien dire, sauf si on lui ajoute un T pour écrire REPIT mais pour revenir à notre couvre-chef, si on met un R au lieu du K, on perd 9 points, que dire quand il s'agit de 'lettre compte triple" ? Vous me suivez ou je vous ai perdu ?
Même dans ce cas, c'est pas grave, car cela veut dire que vous avez réussi à lire tout mon petit discours du matin. Et ça, c'est déjà pas mal.


Soyez forts et faites attention à vous
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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 23 mars 2020 21:28

Précisions pour les nez aux fites de JLF :

La Bougnate dont je parle est MA Bougnate préférée depuis que je l'ai épousée un jour de novembre par un temps pourri par la neige et le froid, comme quoi, quand on dit mariage neigeux, mariage heureux.
Mushu est le nom du molosse de ma Bougnate préférée, la dégaine de Pluto, le chien de Mickey quand il courre et la délicatesse d'un éléphant dans un jeu de massacre à la foire du village ou à défaut dans un magasin de porcelaine.
Le village, tient justement, chez moi, c'est Saint Paul, juste au dessus du lac Léman, les montagnes sont derrière, à gauche en montant.
Voilà, vous savez tout
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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par zedstar » 23 mars 2020 21:43

:lol: Ca c'est du vécu
ma Bougnate préférée s'active avec une éponge et un chiffon. je sens chez elle une envie irrépressible de m'associer à ces tâches ménagères. Faut vite que je trouve un truc à faire, là.
Avec ma chérie on a la chance pour l'avenir du couple d'être confinés chacun pars devers soi, on joue au yam's en réseau, après je fais semblant d'avoir des taches importantes. J'ai une ampoule à changer, mais j'ai peur de monter sur une chaise branlante, imaginez l'accident domestique et ses conséquences ! Ne rien faire c'est être solidaire du service hospitalier. ;)

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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 24 mars 2020 08:06

Confinement : on s'organise

Hier, le matin, rien ! Juste une petite visite à la boulangerie où je me suis rendu compte que les acheteurs de pain respectaient plus que scrupuleusement les consignes de sécurité : pas loin de 3 mètres entre chaque personnes, la file d'attente commençait devant la porte et s'étendait sur la place du village presque jusqu'à la mairie, heureusement fermée pour cause de ce que vous savez, sinon, les 2 files se seraient télescopées. Imaginez arriver au mauvais moment : pardon madame, c'est bien la file pour la boulangerie ? Bref, j'ai bien ri, mais derrière mon cache-nez remonté sur mon visage, les gens du village n'ayant pas tous le même sens de l'humour que moi ...
L'après-midi, par contre, le temps n'était pas au beau mais comme il n'y avait pas de pluie et même un peu de soleil qui jouait à cache-cache avec les nuages, j'en ai profité pour aller bricoler mon canoë. J'ai ajusté les petites pièces en lamellé-collé que j'avais amoureusement faites la semaine dernière sur les couples cassés. En prenant le temps, je confine presque à la perfection. Malheureusement, la bise (du genre de celle qui fût venue dans la fable avec une cigale un peu dépourvue et une fourmi pas vraiment solidaire, mais bon, l'autre, aussi, au lieu de chanter tout l'été … ), cette bise donc me glaçait les mains et ne permettait pas de coller les dites pièces sur le canoë. Du coup, je suis rentré un peu transi boire un thé que ma Bougnate préférée avait préparé. Chouette, heureusement que ma Bougnate préférée n'est pas une fourmi ! Pour profiter de cet instant magique de confinement, elle me proposa bien vite une partie de Scrabble. J'hésitais un peu rapport à l'usure prématurée des lettres, mais finalement je fus partant pour une partie endiablée comme d'habitude et qu'elle gagna haut la main. Plus tard, on avait notre rendez vous pour l'apéro vidéo-téléphonique avec mes chicoufs confinés. Bons moments d'une convivialité absolue. Je vous le recommande. C'est parfait, en plus en vidéo-conférence, passé un nombre de 5 personnes autour de l'appareil, on ne comprend plus rien. Du coup, même plus besoin de boire un coup. C'est inutile.
Le soir, j'ai regardé un film avec Brigitte Bardot sur Arte. C'était un vieux film car elle était drôlement jolie, Brigitte. J'ai pas tout vu, le canapé ayant des bras de Morphée, je me suis assoupi.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui mais c'est déjà pas mal.

Confinez bien la journée
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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par cantelouve 76 » 24 mars 2020 14:47

bravo Jean
quelle belle prose :)
continues, tu enchantes ces tristes journées de confinement :roll: ;)
et perso voir quelqu'un qui écrit aussi bien, c' est un véritable plaisir , merci à toi
à bientôt de te lire
amicalement
Edith :D :D

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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Scratina » 24 mars 2020 16:04

:D Entre Jean La Fiarde et Minage 85, que c'est bon de rigoler :lol:

Ce matin, comme on a mangé les 4 baguettes achetées il y a plusieurs jours, je suis allée chez le boulanger. Mais avant je suis passée par Franprix avec de réelles prétentions. Je voulais du pain de mie..... Point de pain de mie. Mon rouleau de scotch ayant rendu l'âme, je suis allée au rayon fournitures scolaires..... Les gens ont dû tout racheter pour leurs enfants, comme pour une rentrée des classes... Rayon vide de chez vide. J'espérais trouver des fraises, il parait qu'elles se perdent dans les serres de Carpentras.... Rien, même pas une fraise espagnole. Pour ne pas revenir les mains vides j'ai quand même pris un sac de mandarines, cela changera des pommes, des bananes et des scoubidous. Puis tête basse, je suis allée chez le boulanger, avant qu'il ne ferme.
Voilà, au moins on pourra se faire des tartines avec la confiture de fraises que j'ai cuisinées l'an passé. Faudra quand même les économiser.

Ne faites pas de stocks qu'ils disaient, vous ne manquerez de rien....... :mrgreen:
Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer

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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 25 mars 2020 09:44

Confinement : on s'organise

Ce matin, je donne un coup d'œil rapide au thermomètre du bord le fenêtre. Il m'annonce -3, une dégringolade aussi vertigineuse que celle du CACA 40 ! Pourtant encore hier, le ciel bleu et le soleil laissait présager un truc un peu plus clément aujourd'hui. Quoique, il faisait assez froid dans la cour. J'avais sorti au soleil mon canoë pour coller mes petites pièces, ajustées bien comme il faut la veille. La température n'avait rien de celle d'un malade du Covid-19 mais avec l'aide du soleil, ça grimpait juste à la limite autorisée par le fabricant. J'en profitais aussi pour passer une couche de vernis sur les différentes vergues et sur le stick en bambous ainsi que sur une pagaie. Tout cela ne me prit pas très longtemps et j'étais vite désœuvré. Ce n'est pas exactement le terme, je devrais dire, dépité. En ces temps de confinement, je n'ose pas entreprendre un truc sans me dire qu'il sera impossible d'aller chercher au magasin de bricolage du coin la moindre petite vis absente, le pinceau qui va bien ou le morceau de bois qui manquerait. Du coup, je doute. Après un temps de réflexion, je suis allé lire Jo, Zette et Jocko, "L'éruption du Karamako" que j'avais pris soin de planquer dans le Trafic, pour pouvoir buller tranquille à l'abri des regards de ma Bougnate préférée qui était attachée à quelques travaux ménagers qu'elle affectionne particulièrement pendant cette période difficile de cantonnement. Trafic, qui est équipé pour pouvoir s'allonger, dormir, cuisiner et même faire des galipettes si l'envie m'en prenait (Tiens, faudra que j'en parle à ma Bougnate préférée, pas con, ça …)
Du coup, la lecture aidant, je me suis peut-être un peu assoupi en rêvant aux exercices physiques possibles dans mon beau Renault Trafic d'occasion.
Un peu plus tard, bien réveillé et décidé à mettre à profit l'isolement forcé, je décidais d'apprendre à Mushu quelques tours. Le simple fait de lui apprendre à rester dans un coin du jardin, d'attendre sans bouger au même endroit malgré mon éloignement, pas loin, on est confiné, je le rappelle pour ceux qui pensait que le 25, c'était fini, bref lui apprendre ça demande un peu de patience. (Et comme dit ma fille : papa, il est patient mais pas longtemps). Néanmoins, Mushu est très appliqué et attentif à faire plaisir à son maître (moi, en l'occurrence, car il fait un transfert de maître quand ma Bougnate préférée n'est pas là) mais il est aussi un peu fébrile, impatient et très bourrin. Il lui est difficile d'attendre les consignes, il veut faire tout trop vite, et surtout, lorsqu'il rapporte le frisbee lancé de main de maître (ben oui, voir plus haut) il ne s'arrête pas toujours devant moi mais parfois dans moi. Et comme il est costaud, le bougre …
Après cette séance sportive, on a fait une nouvelle partie de Scrabble, toujours aussi débridée. Vu l'usure des lettres, je me demande si aller acheter un autre jeu ne constituerait pas une raison à "un déplacement impérieux familial" ou tout au moins pour "effectuer un achat de première nécessité".
Le soir venu, j'ai regardé le ciel et vu le passage de la station spatiale internationale, je crois bien avoir vu Thomas Pesquet me faire un petit coucou par le hublot, mais c'est peut-être dû à la persistance rétinienne ou plus probablement mon imagination. En tout cas, je cessais assez rapidement l'observation car ca caillait fort et préférait aller lire " On a marché sur la Lune ", un Tintin qui m'a toujours bien plu.
Ah, j'avais oublié. Le matin, je suis allé faire des petites courses au Super U. Le nombre de visiteurs est réduit, on fait la queue dans le parking à une distance intermédiaire socialement acceptable de 3 mètres au moins. Du coup, inutile de se garer aux places disponibles à proximité de l'entrée, autant aller au fond du parking … On n'y rentre un peu comme une boite de nuit branchée que lorsque le videur a jugé la tenue vestimentaire correcte et le sac de course adéquate. Je me suis attendu à ce qu'il me dise : c'est une soirée privée, monsieur.

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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 26 mars 2020 08:21

Confinement : on continue

Hier matin, j'ai fait mon traîne-à-goille, comme on dit par ici. Un peu d'administratif, quelques mails pour rappeler à certains grincheux que j'existe encore malgré le Covid-19 et pas mal de coups de fil pour m'enquérir de la santé de la famille. Vu que maman a pas mal bossé pour la nation et à raison de 10/15 minutes accordées à chacun sur mon précieux temps, surtout quand j'ai que ça à faire, la matinée fût assez vite remplie. Comme quoi, le bonheur, c'est simple.
N'ayant pas de déplacement dérogatoire en vue de m'alimenter dans une grande enseigne de la distribution encore ouverte au détriment des petits magasins et des marchés ouverts, je restais à la maison. Inutile d'aller chercher le pain quotidien car ma Bougnate préférée devait rencontrer la boulangère, à une distance socialement irréprochable, tout en promenant son molosse canin. Comme ça caillait un peu, je préférais déléguer. En plus, l'air frais fait un teint coloré du bel effet à ma Bougnate préférée. Cela lui fait une mine resplendissante de jeune fille de la campagne qui a l'habitude de l'air frais et vif à force de passer des journées entières à charrier des meules de foin et battre les céréales au vent dans la cour. ???? Heu, non, JLF, ça, c'était autrefois, maintenant les jeunes filles de la campagne sont rivées devant leurs smartphones et elles ont un teint blafard car elles ne mettent jamais le nez dehors. Ah ? Bon !
N'empêche, que ma Bougnate préférée … la promenade avec Mushu et la bise qui souffle, ça lui fait des joues rouges, picétou.
A propos de la bise, malgré le beau soleil de l'après midi, elle soufflait et le thermomètre peinait à grimper à une température acceptable par un humain normalement constitué. Malgré tout, je bravais les éléments déchainés et bricolais encore dans la cour mon canoë. Après tout, pourquoi la Bougnate serait elle la seule à avoir ce teint de jeune fille ? Les petites pièces en laiton façonnées et posées dessus feront le plus bel effet si un jour, à la fin du confinement global, je navigue au delà de ma cour et des mes rêves de grands espaces maritimes ou lacustres.
Au bout de trois bonnes heures passées dehors avec la bise meurtrissant mes petites joues pommelées (faut-il souffrir pour avoir un teint de jeune fille ?), les doigts légèrement engourdis par la morsure du froid, je décidais de rentrer tout le matériel dans le garage et d'aller me mettre au chaud, sur le canapé, un album de Tintin lu et relu mille fois dans les mains.
A la partie de Scrabble proposée, je répondis par un non catégorique, malgré le confinement, il ne faut pas verser dans une accoutumance au jeu. Beaucoup ne se sont pas méfier de l'enfer du jeu et les parties succédant aux parties, ils ont sombré, ne pouvant plus se défaire de cette habitude. De toute façon, je m'endormis assez rapidement sur le canapé.
Plus tard, la télé allumée, j'aperçu notre bon président, Clémenceau des temps modernes pourfendant les armées occultes du mal pour faire triompher le bien, le bon et la santé comme on nous l'avait vendu le 31 décembre.
Et surtout la santé, avions nous souhaité à tous. Tu parles !



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Re: Les tribulations d'un confineur

Message par Jean La Fiarde » 27 mars 2020 07:56

Confinement : je confine, tu confines, il confine, nous confinons, vous confinez, ils confinent


Quand je conjuguerai confiner au passé, ce sera vraiment chouette, parce que … pffff, bref, j'me comprends

Hier, ma Bougnate préférée et moi-même, bon y a pas grand monde d'autre avec nous, non plus, nous avons bousculé les habitudes, histoire de ne pas sombrer dans la routine quotidienne. Et puis, moi aussi, je voulais avoir les joues rosies par le vent frais du matin. Pendant que j'irai promener Mushu, ma Bougnate fera les courses, y compris celles du voisin du dessus, 85 ans et dans une forme excellente (un savoyard, quoi !) mais pourvu d'une paire de cannes anglaises mais de fabrication française suite à la rencontre avec un chirurgien qui a trouvé sympathique de lui mettre une prothèse au genou. Le fringant octogénaire dévalait encore les pistes de ski à fond la caisse il y a à peine deux/trois ans ! Mais voilà, il y a un âge où il faut calmer les hardiesses sportives. Surtout avec des cannes anglaises fabriquées en France. C'est un bon voisin avec lequel nous blaguons souvent, il me file des coups de main et prodigue des conseils pour réparer mon vieux canoë. Comme il ne peut conduire, on a trouvé cool de lui faire ses courses, on va pas le laisser mourir de faim, le pauvre homme ! Quoique, une petite diète ferait du bien à ce léger embonpoint, non ? Je plaisante bien sûr et quand je lui dis, il boude un peu comme un gamin, c'est marrant !
La Bougnate partie au supermarché et contrôlée positive par les pandores au rond point voisin, avec Mushu, il nous restait plus qu'à nous balader dans les environs immédiats et surtout pas plus d'un kilomètre du domicile conjugal comme disait Truffaut. Nous visitions les bois, les champs et les petits chemins, Mushu apprenait de nouvelles règles avec moi, car avec ma Bougnate préférée, c'est plutôt balade récréative et Mushu est un peu en mode ni Dieu, ni maître, avec elle. Le "pas bouger" assis au milieu d'un champs pendant que je partais, lui donnait des palpitations et je le sentais trépigner, même à plusieurs dizaines de mètres. Mais il jouait le jeu, bon chien. Par contre, le même exercice avec un lancer de bâton est absolument impossible, Mushu ne peut rester en place. Un peu plus loin, au milieu d'un pré, Mushu s'est mis en arrêt devant une taupinière. La patte levée, il était immobile, seul, ses poils pourtant ras s'irisaient sur son dos sous l'action du vent et son oreille, d'habitude pendante, oscillait au gré des rafales. Je ne sais pas si Mushu avait vu un brin d'herbe se recourber, une feuille morte bouger ou la taupe retourner dans son trou, mais il restait, là, prostré. " Et la longue attente commence " comme les commentaires dits d'une voix sépulcrale dans les documentaires animaliers de Frédéric Rossif, ceux en noir et blanc de mon enfance … Bref, Mushu, immobile, ne va tarder à passer à l'attaque, je le sens fiévreux mais c'est pas le Covid-19 ++, non, c'est l'atavisme du grand chasseur de taupe. Soudain, il se lance en l'air et fond sur sa proie, il enfonce son museau dans la taupinière, remue la terre, se relève et victorieux relève la tête maculée de terre. La taupe est sauve, elle devait d'ailleurs être partie depuis longtemps. Mais Mushu est comme son maître, un grand enfant et s'amuse sans arrêt dans les champs à débusquer les … taupinières !
Sur le chemin du retour, la vue est extraordinaire sur le lac Léman et les montagnes, et avec Mushu, nous nous sommes assis côte à côte pour admirer le paysage en symbiose parfaite du maître et de l'animal.
Et c'était drôlement chouette (comme la fin du confinement)



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