Si j'étais un îlien
Publié : 12 sept. 2017 18:31
Si j'étais un îlien vivant du RSA dans un paradis tropical défiscalisé, un lendemain de tempête je me rappellerais mes racines bretonnes et le mythe du naufrageur.
Jules Michelet (1832) :
« La nature est atroce [sur la côte bretonne], l'homme est atroce et ils semblent s'entendre. Dès que la mer leur jette un pauvre vaisseau, ils courent à la côte, hommes, femmes et enfants, ils tombent sur cette curée. N'espérez pas arrêter ces loups ; ils pilleraient tranquillement sous le feu de la gendarmerie. Encore, s'ils attendaient toujours le naufrage, mais on assure qu'ils l'ont souvent préparé. Souvent, dit-on, une vache, promenant à ses cornes un fanal mouvant, a mené les vaisseaux sur les écueils. Dieu sait alors quelles scènes de nuit ! On en a vu qui, pour arracher une bague au doigt d'une femme qui se noyait lui coupaient le doigt avec les dents. L'homme est dur sur cette côte. Fils maudit de la création, vrai Caïn, pourquoi pardonnerait-il à Abel ? La nature ne lui pardonne pas. »
Maupassant (1883)
« La plage de Penmarch fait peur. C'est bien ici que les naufrageurs devaient attirer les vaisseaux perdus, en attachant aux cornes d'une vache, dont la patte était entravée pour qu'elle boitât, la lanterne trompeuse qui simulait un autre navire. »
Ce mythe des naufrageurs qui a pour origine la confusion entre les nombreux pillages de navires naufragés ou échoués et de rares cas de naufrageurs, est pourtant bien ancré. La Grande ordonnance de la marine de 1681 imposant l'autorité royale sur la mer et l'estran, y fait référence dans le Livre IV, « De la Police des Ports, Côtes et Rivages de la Mer » sous le titre IX « Des naufrages, bris et échouements ».
Colbert, le Secrétaire d'État à la Marine de Louis XIV, crée le corps des garde-côtes à la fin du XVIIe siècle pour enrayer les pillages. Mais ces pratiques ancestrales perdurent dans le dos des gens d'armes jusqu'au milieu du XIXe siècle qui voit le renforcement des moyens de police, de surveillance et de balisage des côtes, et parallèlement, le développement du mythe des naufrageurs.
Au XXIe siècle, sans eau, sans électricité sur mon île hypothétique ravagée par un ouragan, ça semble pas malin d'aller piquer un écran plat et une machine à laver dans un drugstore effondré, mais comment résister à la tentation ?
Jules Michelet (1832) :
« La nature est atroce [sur la côte bretonne], l'homme est atroce et ils semblent s'entendre. Dès que la mer leur jette un pauvre vaisseau, ils courent à la côte, hommes, femmes et enfants, ils tombent sur cette curée. N'espérez pas arrêter ces loups ; ils pilleraient tranquillement sous le feu de la gendarmerie. Encore, s'ils attendaient toujours le naufrage, mais on assure qu'ils l'ont souvent préparé. Souvent, dit-on, une vache, promenant à ses cornes un fanal mouvant, a mené les vaisseaux sur les écueils. Dieu sait alors quelles scènes de nuit ! On en a vu qui, pour arracher une bague au doigt d'une femme qui se noyait lui coupaient le doigt avec les dents. L'homme est dur sur cette côte. Fils maudit de la création, vrai Caïn, pourquoi pardonnerait-il à Abel ? La nature ne lui pardonne pas. »
Maupassant (1883)
« La plage de Penmarch fait peur. C'est bien ici que les naufrageurs devaient attirer les vaisseaux perdus, en attachant aux cornes d'une vache, dont la patte était entravée pour qu'elle boitât, la lanterne trompeuse qui simulait un autre navire. »
Ce mythe des naufrageurs qui a pour origine la confusion entre les nombreux pillages de navires naufragés ou échoués et de rares cas de naufrageurs, est pourtant bien ancré. La Grande ordonnance de la marine de 1681 imposant l'autorité royale sur la mer et l'estran, y fait référence dans le Livre IV, « De la Police des Ports, Côtes et Rivages de la Mer » sous le titre IX « Des naufrages, bris et échouements ».
Colbert, le Secrétaire d'État à la Marine de Louis XIV, crée le corps des garde-côtes à la fin du XVIIe siècle pour enrayer les pillages. Mais ces pratiques ancestrales perdurent dans le dos des gens d'armes jusqu'au milieu du XIXe siècle qui voit le renforcement des moyens de police, de surveillance et de balisage des côtes, et parallèlement, le développement du mythe des naufrageurs.
Au XXIe siècle, sans eau, sans électricité sur mon île hypothétique ravagée par un ouragan, ça semble pas malin d'aller piquer un écran plat et une machine à laver dans un drugstore effondré, mais comment résister à la tentation ?