Pendant que dans la pièce d'à côté on se bagarre, on rêve, on calcule, on slalome entre des glaçons imprévisibles, on s'imagine dans un ciré jaune dégoulinant, on s'enthousiasme pour des bolides qui volent au milieu d'éléments hostiles, rugissants, hurlants, remuants, éclaboussants, en ce qui me concerne ce qui me fait envie ressemble plutôt à ce gros machin en alu: étude et recherche plutôt que compèt.
Enfin quand je dis gros, pas tant que ça non plus, je trouve même ce bateau assez élégant avec sa coque grise et ses deux mâts.
Cet après midi je l'ai vu de très très près pendant qu'il rentrait à la Base après être allé faire quelques ronds dans l'eau en vue de son prochain départ.
Le 12 décembre, la goélette TARA largue les amarres et repart en mission scientifique, cap sur l’Amérique du Sud. Au programme pour les chercheurs, l’étude du microbiome marin (virus, bactéries, plancton et leurs interactions) et de sa sensibilité au réchauffement climatique et à la pollution.
J'aime regarder les bateaux à quai, les voiliers aussi bien que les cargos, les chalutiers, les baliseurs, les câbliers, les remorqueurs, les petits en bois, les gros ventrus et puissants, l'Abeille Bourbon (à Brest) et tant d'autres...
Tous évoquent des quotidiens pas banals, des départs , des voyages, des histoires à raconter et à partager.
A Lorient, la ville aux cinq ports, c'est pratique, il y en a pour tous les goûts dans un rayon assez restreint.
L'une de mes balades habituelles (la préférée?) m'entraîne souvent traîner du côté des quais, au port de commerce d'abord où j'aime particulièrement la silhouette des grandes grues géantes bleues, surtout le soir quand la lumière décline. Des odeurs mélangées de bois, de fuel, de je ne sais pas quoi font partie du paysage. Des goélands pas très farouches donnent de la voix en permanence.
A l'arrière des quais, on trouve une multitude de bâtiments désaffectés plus ou moins en ruine dont les murs encore debout sont devenus au fil du temps des supports pour des graffeurs talentueux. Certaines fresques sont somptueuses. Dommage qu'elles ne soient pas davantage mises en valeur. Mais c'est égal, j'adore me promener au milieu de ces vieilles friches industrielles déglinguées, pleines de morceaux de ferraille, d'herbes qui poussent partout, de parpaings, de tas de terre...
Plus loin, vers le port de pêche et la Base, l'activité humaine n'a pas déserté ces vieux hangars. Ca s'affaire et ça s'active dans plein d'endroits qui ne paient pas de mine, avec là encore des bouts de ferrailles et des palettes entassées devant les portes. On fabrique des voiles, on ponce, on peint, on fignole des réglages, on répare des bateaux, on en fabrique d'autres, on construit de nouveaux bâtiments, on agrandit le pôle course au large...
D'autres rêves et d'autres voyages sont assurément en préparation ici!