la vie malgré tout...

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Re: la vie malgré tout...

Message par mAKi » 29 nov. 2020 14:46

du soleil, un petit vent léger un peu frais au début mais on l'oublie vite, air entre 10 et 12°, l'eau à ...12° :le bonheur! :D

les habitué(e)s sont là, tout le monde se salue avec un petit quelque chose en plus dans le sourire
c'est marée basse, presque pas de vagues, une bonne heure de marche dans l'eau avant d'enlever la combi et de barboter pendant encore une bonne 1//2 heure
trop bien!


Image Image
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Jean La Fiarde
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Re: la vie malgré tout...

Message par Jean La Fiarde » 29 nov. 2020 18:10

Du soleil mais à condition de monter au dessus des nuages (soit +1200/1300 m)

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Quelque part dans la Yaute Savoie
Comme le pastis, 1 volume de JLF pour 5 volumes d'eau : océan, mer, lac, rivière, baignoire

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Re: la vie malgré tout...

Message par mAKi » 03 déc. 2020 22:48

le quotidien n'étant pas spécialement joyeux ni inspirant voilà une petite nouvelle écrite par un chouette photographe pour illustrer ses photos, à lire entre deux icebergs pendant que souffle le vent des globes...

Image

"L’île de la poudrière…
Jeudi 19 novembre 2020

Rade de Brest – 48°17’31.8″N 4°14’25.4″W

Cher journal,

Aujourd’hui, pas de cap à l’Ouest, la mer d’Iroise me restera secrète. Des confidences historiques, la rade de Brest en regorge, et l’image que je m’apprête à réaliser va faire jaillir en moi un imaginaire vieux de trois cent ans…

Ce matin, la mer est grosse, la mer est formée, et ce vent de noroît est parti… pour durer ! Nord Ouest, cap au Sud-Est, à la découverte de contrées lointaines, au confluent des rivières du Faou et de l’Aulne. Je franchis les passes du port du château à Brest alors que la nuit commençe tout juste à être chassée par l’astre solaire. La ville est confinée, mais les travailleurs œuvrent pour la plupart depuis la maison. Le port du château est vide d’âmes, drôle de période… Au loin, les bateaux gris décrivent déjà de curieuses rondes, dont seuls quelques officiers de Marine connaissent les destinées. Approchant l’île ronde à bonne allure, une embarcation de gendarmes maritimes s’approche pour voir si le travailleur de la mer n’est pas qu’un simple plaisancier ! Il faut croire que le bateau du photographe est connu dans les parages, ils s’éloignent rapidement vers l’île longue, sans demander plus d’explications que cela…

Le soleil commence tout juste à poindre à l’horizon. Le Ménez-Hom, du haut de ses trois-cent trente mètres d’altitude se dessine en ombres chinoises avec les Ducs d’Albe* en avant-plan. C’est beau, et je mesure la chance que j’ai d’être là. Je laisse l’école navale sur tribord et rapidement, j’admire le petit port du Tinduff à bâbord avant de m’engouffrer avec Sweetie V**** dans l’Aulne, direction Landevennec. J’ai en tête ces bateaux fantômes, ces bateaux gris débaptisés, ces bateaux en attente d’oubli, en attente de mourir définitivement. Mouillés dans ce qu’on nomme de manière pudique “Le cimetière des bateaux”, tout juste en face de l’île de Térénez (ou la presqu’île selon l’humeur de la marée). J’ai déjà vu beaucoup d’images, des vidéos façon “Urbex” non autorisées, ou des œuvres d’art temporaires tout aussi illégales à cet endroit. En somme, un lieu inspirant… mais un lieu à respecter ! Sans quoi, l’autorité maritime veillera à vous demander des comptes, et c’est bien normal.

Juste avant d’envisager mettre la barre à bientôt cent quatre-vingt degrés de ma route actuelle, fait rarissime si l’on suivait une route hauturière, j’aperçois cette petite île, l’île d’Arun*. Arun, Tibidy, Trébéron, autant de noms qui me font rêver, autant de noms en rade de Brest, et autant d’Histoire(s)…
Arun donc.
Le soleil a commencé sa course quotidienne vers son zénith, tout du moins, le zénith Breton, qui ne sera jamais, au même moment, celui d’un Américain***. Le plan est simple. L’île est un sous-marin, et je vais tenter une photographie semi-immergée. Le coefficient de marée est de 94, vives-eaux ! Le jusant est déjà puissant, difficile de placer le bateau, le caisson étanche et les flashs tout en composant l’image à construire quand le vent décide d’être également de la partie. Un contre-courant décide de m’emporter en sens inverse de la logique de marée. Un courant logique en rade de Brest est un… oxymore ! Difficile de se placer, mais au bout d’une dizaine de minutes, c’est bon, l’équipage a compris, on tente à nouveau. Le soleil devient moins timide, il est temps de conclure. La fébrilité du photographe doit être communicative, et les oiseaux marins, que j’imagine être de simples goéls, sortent de leur sommeil en cris stridents. Je déclenche, les puissants flashs sous-marins révèlent une couleur bien inhabituelle de l’élément liquide… Comme si l’eau salée de rivière avait compris l’impérieuse nécessité d’être raccord avec le vert des pins maritimes. La photo est là, et le ciel laisse présager d’une matière des plus sublime à l’occasion de cette aurore si particulière.

Place à l’Histoire.

En faisant plus de recherche sur l’île de la Poudrière, on apprend qu’elle servait de stockage intermédiaire entre Pont-de-Buis et l’arsenal de Brest, trois cent ans en arrière. J’imagine les chaloupes transportant de la poudre à canons au levé du jour, direction la cité du Ponant… Pétard que ca devait être beau !

Vauban, encore lui !

Ré, Toulon, Rochefort, Camaret, bien sûr, Arun où l’île aux morts ? Partout où je découvre un lieu maritime, esthétique et chargé d’histoire, on retrouve Vauban. Arun n’échappe pas à la règle. Plus tard, la fonction de poudrière sera délocalisée à l’île aux morts à l’ouest, puis à la pyrotechnie Saint Nicolas du côté de l’Elorn, plus au nord.

Plongé dans cette image, je me réveille de pensées parties très loin. Heureux, je décide de rejoindre le sujet des bateaux gris agonisants. Ils sont à quelques encablures, et la lumière commence à être belle sur les coques sans vie… Je vais alors rencontrer un drôle d’oiseau des mers du Sud, un Albatros qui devait être jadis digne et fier en dessous des 50èmes sud… Mais ça, c’est une autre histoire !


*Construction située entre la pointe de l’Armorique et l’île Ronde en rade de Brest, sous forme de deux caissons béton géants destinés à accueillir le cuirassé Bismarck pendant la guerre. Il sera coulé au large avant de franchir le goulet de Brest

**qui porte également le nom de Poudrière

*** Afin d’éviter toute erreur astrologique majeure, au regard des gros-culs de Mickey présents en rad’ (et non en panne au bistrot) depuis des semaines :-P

****semi-rigide de type Zeppelin, outil primaire du photographe de mer !"


texte et photo ci-dessus © Ewan Lebourdais - Photographe Maritime
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Message par mAKi » 05 déc. 2020 16:33

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Re: la vie malgré tout...

Message par Scratina » 05 déc. 2020 17:06

Val, j'adore tes dessins. Tu es très douée Image
Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer

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Re: la vie malgré tout...

Message par limelight » 06 déc. 2020 07:06

Scratina a écrit :
05 déc. 2020 17:06
Val, j'adore tes dessins. Tu es très douée Image
Je seconde!
Check https://madinstro.net/rg/ for handy navigation tools.

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Re: la vie malgré tout...

Message par goby » 06 déc. 2020 07:18

limelight a écrit :
06 déc. 2020 07:06
Scratina a écrit :
05 déc. 2020 17:06
Val, j'adore tes dessins. Tu es très douée Image
Je seconde!

Je triploi

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Re: la vie malgré tout...

Message par mAKi » 06 déc. 2020 09:31

merci les zamis :oops:
ce dernier dessin n'est pas fait sur du papier aquarelle, mais sur du yupo qui est du polypropylène sur lequel l'eau et les pigments glissent et interagissent entre eux de façon tout à fait inattendue et pas totalement maîtrisable
ça donne des effets étonnants qui tirent sur l'abstrait

Image Image

et mieux vaut ne pas avoir une idée précise du sujet du dessin, c'est l'eau qui décide, il suffit de se laisser porter
on peut par exemple décider de dessiner des flammes dans la nuit et se retrouver au milieu d'un sous bois en automne... :roll:

Image
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Re: la vie malgré tout...

Message par mAKi » 07 déc. 2020 13:44

rappelle-toi Barbara, il pleuvait sur Brest ce jour là
le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Mais nom de Dieu, que la pluie cesse
Tonnerre, tonnerre, tonnerre de Brest
Même la Terre part à la renverse
Est-ce qu'au moins aujourd'hui quelqu'un te berce?

https://www.youtube.com/watch?v=sUPCNFM-070

texte et photo ci-dessous © Ewan Lebourdais - Photographe Maritime

"L'abeille & la fourmi
Lundi 16 mars 2020

Goulet de la rade de Brest – 48°20'53.9"N 4°32'39.9"W

Cher journal,

Le printemps sera bientôt bien installé. Sans savoir qu'un virus allait nous enfermer pendant deux mois, j'attends la sortie d’un bateau plus gris, un peu plus imposant que le remorqueur ...

La VHF scanne de manière aléatoire un certain nombre de fréquences et une certaine agitation se fait entendre. Un gros bateau serait en panne, non loin des côtes, entre Sein et Ouessant. La journée est belle et la mer calme. C’est bien sûr un danger pour notre littoral, la moindre faille laissant planer l’ombre d’un certain épisode de 1978, baptisé Amoco Cadiz, encore bien présent dans les mémoires...

Sur le fond de carte (numérique !), un signal AIS jusqu’alors fixe, se met en mouvement. Confirmé par l’écho radar, j’aperçois très rapidement les cheminées du remorqueur de haute mer sur-vitaminé. Il pointe son étrave vers l’ouest, et ensuite embouque ? le passage de la digue sud du port de commerce.

Très vite, j’observe une attitude inhabituelle. L’urgence est là, et l’équipage actionne, en plus de ses deux moteurs diesel énormes, les deux autres moteurs faits pour le large, puissance maximum. D’emblée, l’étrave pousse une montagne d’eau et je commence à pousser le moteur de ma propre embarcation. Je suis à 28-30nds, cap parallèle à l’abeille, une main sur les gazs, l’autre sur le boîtier photo. Je dépasse tranquillement mon sujet favori, et je repère un tout petit bateau, type « jabadao » ou « pen sardin »...

C’est l’ébullition dans mon esprit, il faut absolument que je réussisse à l’aligner, à mettre en échelle la frêle embarcation et le bouillon provoqué par l’étrave que j’estime à 4 mètres. Dialogue intérieur « le Portzic en décor ? La Mingam, le Dellec ? » - Non - il est trop tard, c’est maintenant !! Ce sera Maison Blanche, le moment photo ne repassera pas.

L’abeille Bourbon continue sur sa lancée, ses 4 moteurs de 5500 chevaux chacun à fond, j’estime sa vitesse à 20-22nds. Le vrombissement se ressent jusque dans ma barre, alors que j’évolue à environ 40 mètres, on imagine bien le couple et la puissance de la bête !

3,2,1... clic

Je pense avoir réussi le cliché, aucune chance de le doubler. Il est temps de stopper pour moi, et de saluer fièrement l’équipage tout la haut sur la passerelle... C’est sans compter sur la vague provoquée par son passage.

Énorme, dangereuse et très impressionnante !

Rarement le remorqueur pousse de cette manière en rade, l’urgence du jour faisant exception. Je décide de poser à raz le pont mon matériel photo, et de négocier en « surf » la première des trois vagues. Très impressionnant, j’avoue ne pas avoir fait le malin car cette série ne ressemblait pas à une mer formée, mais plus à des vagues que l’on retrouve sur les spots de surf ! Je pense d’un coup à mon petit pêcheur, mais finalement il était déjà bien loin, en sécurité.

Et maintenant ? Cap au nord-est, mon gros bateau gris commence sa manœuvre pour quitter le port militaire, où il était amarré. Juste à côté du berceau qui l’a vu naître !

Le shooting avait bien commencé…"


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Re: la vie malgré tout...

Message par mAKi » 08 déc. 2020 20:56

Pendant que dans la pièce d'à côté on se bagarre, on rêve, on calcule, on slalome entre des glaçons imprévisibles, on s'imagine dans un ciré jaune dégoulinant, on s'enthousiasme pour des bolides qui volent au milieu d'éléments hostiles, rugissants, hurlants, remuants, éclaboussants, en ce qui me concerne ce qui me fait envie ressemble plutôt à ce gros machin en alu: étude et recherche plutôt que compèt.
Enfin quand je dis gros, pas tant que ça non plus, je trouve même ce bateau assez élégant avec sa coque grise et ses deux mâts.
Cet après midi je l'ai vu de très très près pendant qu'il rentrait à la Base après être allé faire quelques ronds dans l'eau en vue de son prochain départ.
Le 12 décembre, la goélette TARA largue les amarres et repart en mission scientifique, cap sur l’Amérique du Sud. Au programme pour les chercheurs, l’étude du microbiome marin (virus, bactéries, plancton et leurs interactions) et de sa sensibilité au réchauffement climatique et à la pollution.

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J'aime regarder les bateaux à quai, les voiliers aussi bien que les cargos, les chalutiers, les baliseurs, les câbliers, les remorqueurs, les petits en bois, les gros ventrus et puissants, l'Abeille Bourbon (à Brest) et tant d'autres...
Tous évoquent des quotidiens pas banals, des départs , des voyages, des histoires à raconter et à partager.
A Lorient, la ville aux cinq ports, c'est pratique, il y en a pour tous les goûts dans un rayon assez restreint.
L'une de mes balades habituelles (la préférée?) m'entraîne souvent traîner du côté des quais, au port de commerce d'abord où j'aime particulièrement la silhouette des grandes grues géantes bleues, surtout le soir quand la lumière décline. Des odeurs mélangées de bois, de fuel, de je ne sais pas quoi font partie du paysage. Des goélands pas très farouches donnent de la voix en permanence.
A l'arrière des quais, on trouve une multitude de bâtiments désaffectés plus ou moins en ruine dont les murs encore debout sont devenus au fil du temps des supports pour des graffeurs talentueux. Certaines fresques sont somptueuses. Dommage qu'elles ne soient pas davantage mises en valeur. Mais c'est égal, j'adore me promener au milieu de ces vieilles friches industrielles déglinguées, pleines de morceaux de ferraille, d'herbes qui poussent partout, de parpaings, de tas de terre...
Plus loin, vers le port de pêche et la Base, l'activité humaine n'a pas déserté ces vieux hangars. Ca s'affaire et ça s'active dans plein d'endroits qui ne paient pas de mine, avec là encore des bouts de ferrailles et des palettes entassées devant les portes. On fabrique des voiles, on ponce, on peint, on fignole des réglages, on répare des bateaux, on en fabrique d'autres, on construit de nouveaux bâtiments, on agrandit le pôle course au large...
D'autres rêves et d'autres voyages sont assurément en préparation ici!
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